Alors que le bilan du CPF désintermédié est plutôt encourageant, une étude de la Caisse des Dépôts parue en février 2022* met le doigt sur un paradoxe. Les intérimaires et les employés en CDD sont moins susceptibles de mobiliser leurs droits de formation que ceux en CDI (-41 %). Ce constat peut sembler surprenant, lorsque l’on sait que le Compte Personnel de Formation a justement pour ambition de développer l’employabilité des actifs dont la situation professionnelle est la plus fragile. CPF en intérim, en CDD ou au SMIC : pourquoi observe-t-on un recours moins important ? Faisons le point sur les chiffres.

Le bon bilan du parcours d’achat direct du CPF

Comme nous l’avions déjà évoqué dans notre article sur le bilan 2020 du CPF, le parcours d’achat désintermédié a eu un impact positif sur le nombre d’entrées en formation. Rappelons que l’on comptait 984 000 formations CPF en 2020, contre « seulement » 517 000 en 2019.

La dernière étude de la Caisse des Dépôts confirme cette hausse. Elle indique que le recours à la formation professionnelle financée par le CPF est passé de 1,36 % en 2019 à 2,08 % en 2020. Cette progression est d’autant plus marquée chez les femmes et les employés. Elle est en revanche plus faible pour les cadres et professions intellectuelles supérieures. Notons toutefois que ces deux dernières catégories socioprofessionnelles restent celles qui ont le plus tendances à mobiliser leurs crédits CPF.

Il y a cependant une ombre au tableau : les salariés en CDD ou en intérim recourent 3 à 4 fois moins au CPF que ceux en CDI ! Pourquoi un tel écart ?

CPF en intérim, CDD ou au SMIC : un solde de droits de formation plus faible

Un élément de réponse se trouve sans doute dans le montant des droits CPF dont disposent les actifs en contrat précaire. En effet, rappelons que chaque année les bénéficiaires du CPF reçoivent 500 € de droits de formation (800 € pour les moins qualifiés) plafonnés à 5 000 € (ou 8 000 €). Toutefois, pour les personnes ne travaillant pas au moins à 50 % de la durée légale annuelle, ce montant est proratisé. 

Ainsi, les salariés en CDI (bénéficiant en généralement d’une ancienneté plus longue dans leur emploi) et à temps plein reçoivent la totalité de leurs droits. En revanche, les travailleurs jeunes (et donc avec une ancienneté moindre) ou en contrat précaire ont donc un solde de crédits CPF moins important. Il est en moyenne de : 

  • 530 € pour les salariés en CDD ; 
  • 670 € pour les intérimaires ;
  • alors qu’il est de 1 490 € pour les personnes en CDI. 

Ce facteur semble d’autant plus important que le solde de crédits CPF en début d’année est un élément décisif dans la prise de décision d’entrer en formation. Les chiffres montrent que si leur cagnotte est inférieure à 250 €, seuls 0,2 % des salariés mobiliseront leurs droits.

Le rapport de la Caisse des Dépôts démontre aussi que le taux de rémunération a un impact sur la probabilité de mobilisation du CPF. En 2020, les actifs touchant plus de 70 000 €/an étaient 3,90 % à avoir recours au CPF. En revanche, ceux dont la rémunération annuelle est inférieure à 15 000 € (soit 9 millions de salariés) étaient moins de 2 % à le faire. Il y a donc une probabilité plus faible que les personnes rémunérées au SMIC utilisent leur CPF.

Les points-clés de l’étude de la Caisse des Dépôts en vidéo

Le prix des formations reste stable, mais leur durée diminue

Avec le passage au CPF désintermédié grâce à la plateforme Mon Compte Formation, on observe une meilleure transparence dans les prix. Ceci a notamment entraîné un alignement des coûts des formations sur le solde moyen des droits CPF.

En 2019, une formation coûtait en moyenne 2 360 €, alors que le solde CPF moyen était lui de 1 230 €. En 2020, la tendance s’est inversée avec un coût moyen de 1 390 € pour un solde de 1 580 €. Ceci a notamment été rendu possible grâce à une diminution de la durée moyenne des formations : 91 heures en 2019 contre 51 heures en 2020. Le tarif à l’heure reste, quant à lui, relativement stable (27 € en 2020, soit une hausse de 1 € par rapport à l’année précédente).

Encore une fois, on notera un écart de durée de formation liée à la rémunération. Ainsi les personnes rémunérées au SMIC s’orienteront-elles vers des formations plus courtes (47 heures) que les salariés mieux rémunérés (51 heures).

Concernant les formations plus publicités, le permis B est largement en tête, quel que soit le niveau de rémunération des bénéficiaires. Pour les plus précaires (CDD, intérim et au SMIC), la formation aux créateurs et repreneurs d’entreprise tire aussi son épingle du jeu (2e), tout comme le TOEIC (3e).

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CPF en intérim, en CDD et au SMIC : quelle que soit votre situation professionnelle, nos conseillers sont à votre écoute. N’hésitez pas à leur exposer votre projet de formation !

* Source : Les formations financées par le CPF des salariés en contrats courts ou au Smic en 2019 et 2020. Caisse des Dépôts, 17 février 2020. Étude réalisée par Gabin Langevin, chargé d’études statistiques – Direction des politiques sociales.

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