À l’automne 2021, les partenaires sociaux se sont lancé dans un projet ambitieux : conduire des ateliers thématiques pour réfléchir à l’avenir de la formation professionnelle. Le but étant d’aboutir sur de nouveaux accords nationaux en la matière. Parmi les thématiques abordées par ces groupes de travail, on retrouve le Compte Personnel de Formation (CPF). Dans un récent article de Centre Inffo (1), on apprend qu’une réforme du CPF serait souhaitée par les organisations représentatives des salariés et des employeurs. 

Le « CPF professionnalisant », un dispositif dont le financement n’est pas maîtrisé

Depuis la réforme de la formation professionnelle de 2018, le CPF est un dispositif désintermédié ayant pour but de sécuriser l’employabilité des bénéficiaires par l’acquisition de compétences professionnalisantes. Cela signifie notamment que les utilisateurs du CPF n’ont plus besoin de l’aval d’un organisme tiers pour s’inscrire à une formation. Or, pour les organisations syndicales, ce type de fonctionnement ne serait pas viable et entraînerait des dérives.

C’est pourquoi, elles réfléchissent à la manière dont il serait possible d’encadrer l’utilisation du CPF. Laurent Munerot, vice-président de l’Union des entreprises de proximités (U2P) suggère d’impliquer davantage le Conseil en Évolution Professionnelle (CEP) dans les projets de formation. Pour lui, l’avenir du CPF repose aussi sur une logique d’abondement et de co-construction.

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Des actions de formation plus proches des besoins réels des employeurs

L’un des principaux reproches des syndicats concerne l’inadéquation entre les besoins des entreprises en termes de formation, et les choix des utilisateurs du CPF. Selon eux, les bénéficiaires s’engagent dans des actions de formation :

  • n’ayant pas d’utilité directe dans leur emploi ;
  • ne répondant pas au plan de développement de compétences des entreprises ;
  • ne sécurisant pas le parcours professionnel des apprenants.

Aussi, les organisations syndicales souhaiteraient que les employeurs aient leur mot à dire dans l’utilisation d’une partie des droits de formation de leurs salariés. Cela permettrait notamment de recentrer le CPF vers les besoins qui s’expriment sur le marché de l’emploi.

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En outre, selon le président du MEDEF, l’utilisation d’une partie du CPF de manière co-décisionnelle entre l’entreprise et l’employé aurait pour effet :

  • de limiter les arnaques et les fraudes dont sont victimes les utilisateurs ;
  • de guider et conseiller les bénéficiaires, qui sont parfois perdus face à des offres de formations nombreuses et des pratiques commerciales agressives. 
  • d’éviter aux employés de dépenser leurs crédits dans des formations « sans intérêt ».

Notons cependant que de plus en plus d’initiatives sont mises en place pour aider les futurs apprenants dans leur choix de formation. Récemment, un « grand ménage » a été fait dans le catalogue CPF. Une charte de déontologie a aussi été mise en place pour repérer les organismes de formation fiables.

N’oublions pas les succès du Compte Personnel de Formation !

Bien que le CPF tel que nous le connaissons actuellement ne semble pas ravir les organisations syndicales, cela ne signifie pas pour autant que le dispositif soit un échec total.

Rappelons que l’un des objectifs du CPF désintermédié était de démocratiser le recours à la formation chez les actifs. En cela, le dispositif a rempli son rôle et les chiffres sont là pour prouver son succès : 

  • 984 000 formations CPF ont été suivies en 2020, c’est deux fois plus qu’en 2019 (source : DARES).
  • 92 % des actifs savent de quoi il s’agit et 49 % d’entre eux connaissent même le montant de leurs droits (source : Centre Inffo).
  • Le CPF constitue le dispositif de formation sur lequel les sondés se sentent le mieux informés (source : Centre Inffo).

Par ailleurs, 8 actifs sur 10 estiment que c’est à eux d’être responsables de leur parcours de formation. Aussi, il serait sans doute difficile pour ces bénéficiaires de ne plus avoir le contrôle sur la totalité de leurs crédits de formation.

📊 Pour tout savoir des chiffres du CPF et de la formation professionnelle, nous vous conseillons la lecture des articles suivants :

La réforme du CPF, c’est pour quand ?

Pas pour tout de suite. 

Les syndicats poursuivent actuellement leurs réunions de travail et réfléchiront conjointement à la réforme de la formation jusqu’en juin 2022. Toutefois, il n’est pas certain que ces réflexions déboucheront sur des accords nationaux interprofessionnels. 

Certains représentants souhaiteraient plutôt qu’une plateforme d’idées, mises à disposition du prochain gouvernement, soit créée. Pour l’heure, le CPF reste donc mobilisable à la seule initiative des bénéficiaires. Vous pouvez donc toujours vous inscrire à la formation de votre choix, sans l’accord de votre employeur si celle-ci est effectuée hors temps de travail.

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(1) Source : Groupes de travail sur la réforme : les partenaires sociaux ouvrent le nouveau chapitreCentre Inffo, 25 avril 2022

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